François Montmirel

François Montmirel est né le 7 septembre 1963 à la Roche-sur-Yon (Vendée), mais il passera en grande partie de son enfance à Cergy-Pontoise dans le Val d’Oise où son père fut muté en 1970. Il commence à jouer au poker à l’âge de 13 ans après avoir vu à la télé le “Le Kid de Cincinnati”, surnom donné au personnage de Steve Mc Queen, un as du poker de la Nouvelle Orléans. Le film est une sorte de révélation, dès le lendemain il joue sur la table de cuisine d’un copain puis de manière plus régulière ensuite, au lycée, à l’université… Le poker est encore un jeu élitiste et il peine à se trouver des adversaires, c’est donc dans les cours de récréation qu’il recrute les joueurs pour organiser des parties... Ou bien les convoque à partir de cabines téléphoniques pour jouer en cachette de ses parents le week-end (les smart-phones n’existaient pas encore, rappelons-le !). A l’époque il jouait surtout au poker fermé et au “kid”, c'est-à-dire le Stud à 5 cartes, en no-limit. D’ailleurs poussé par ce poker fermé, il travaillait déjà beaucoup les tells, prémices sans doute de sa passion pour le sujet qui l’amènera plus tard à écrire “Poker Code” en 2007.

Encore collégien, François achète son premier livre de poker, “Le poker”, de François Poli, édité en 1977 chez Solar. Puis, dans la foulée, le manuel de Benjamin Hannuna paru en 1978 chez Marabout, Benjamin avec lequel il devint ami plus tard. Fasciné par la clarté des explications, le style littéraire, ces deux manuels devinrent rapidement ses livres de chevet. En 1983, alors qu’il est à l’université (Paris X) pour préparer une licence en économie, il suit les traces de F. Poli et B. Hannuna et entreprend d’écrire son propre manuel de poker. Six mois plus tard et malgré le scepticisme des maisons d’éditions devant son jeune âge (20 ans), il signe avec les éditions Hatier. Sobrement intitulé "Le Poker" , le livre parait en mai 1984 et c’est un franc succès. Devant les précommandes des libraires, le tirage initialement prévu à 5000 exemplaires est porté à 7000, ce qui constitue le record de la collection “Loisirs et jeux”.

En 1985, face au succès du premier opus, les éditions Hatier lui commandent un livre sur les jeux de casino. Très intéressé par le sujet et notamment la roulette où il avait déjà testé ses propres systèmes, F. Montmirel saisit l’occasion. Il doit décrire et analyser tous les jeux et les pratique donc tous un par un. Il parcourt ainsi des dizaines de casinos en Europe, d’Enghien au Victoria de Londres pour parfaire ses analyses. C’est ainsi qu’en 1987 parait son deuxième ouvrage, “Les jeux de casino”, le manuel le plus poussé techniquement sur le sujet à l’époque.

C’est par ce biais et ses longs périples en casino qu’il découvre le blackjack et se passionne vite pour ce jeu. De 1991 à 92, les parties de poker devenues difficiles car dures à monter, il en profite pour se consacrer au blackjack et joue en semi-pro puis en pro. A 28 ans, divorcé, son envie n’en est que décuplée ; passionné par le jeu il s’y jette corps et âme. Entrevoyant des techniques, il étudie le blackjack par lui-même et à travers des livres américains, dont ceux de Thorp et d’Uston. Pour faire ses calculs, après un premier Amstrad, il achète un des premiers Mac SE30 compacts qui coûtaient à l’époque une petite fortune: 25.000 F (environ 6.000 euros actuels). Résultat : au bout de 6 mois de travail, des centaines de tableaux Excel. Tous les cas sont étudiés jusqu’à 6 cartes par main. C’est à partir de cette étude que Montmirel met au point sa propre méthode de comptage et passe de longues nuits au casino d’Enghien. Très concis, il note tous ses résultats et toutes ces impressions après chaque séance. Malgré la difficulté de l’exercice et à force de travail, il parvient à compter un deck de 52 cartes en 16 secondes à l’entrainement, soit deux fois plus vite qu’un croupier rapide.

Après quoi il enchaine les tournées, notamment dans le Benelux, en Autriche et à Londres, au Victoria Casino son préféré. Un soir à Enghien, se liant d’amitié avec un Canadien, ils décident de jouer en binôme, ce qui a donné de bons résultats. Mais le duo prend fin à leur corps défendant au bout de 3 mois. Il existait à l’époque un organisme appelé “Casino Monitoring” qui fichait les joueurs suspects, son compagnon de jeu fut repéré et interdit de casino. F. Montmirel ne fut lui jamais fiché, la clé étant de savoir s’arrêter au bon moment, changer souvent de casino et avoir un comportement banal pour ne pas se faire repérer.

Mais le comptage de cartes est un exercice difficile, une discipline exigeante où l’on doit toujours se déplacer et où on est constamment fliqué, aussi décida-t-il d’arrêter progressivement le blackjack quand il apprit que des tournois internationaux de poker s’organisaient çà-et-là en Europe. Chose qui ne l’empêcha pas pour autant d’écrire ensuite trois livres sur le blackjack, un qui dévoilait sa méthode, “Blackjack Gagnant” (1992), un autre qui expliquait les dessous mathématiques du jeu, “Blackjack Structure” (1993), puis un plus vulgarisé, “Blackjack apprenez l’excellence” (1998). Dans un tout autre domaine, suite à la demande d’un éditeur belge spécialisé dans le casino et le turf qui cherchait une méthode pour le Keno, jeu très en vogue en France, il sortira également un livre sur le sujet. Il sera aussi le premier en France à tenir une rubrique régulière sur le poker, à partir de 1993 dans “Turf & Casino Magazine”.

Le passage au poker de compétition se fit par le « Festival of Poker » de Londres en juillet 1992 puis par le « Poker’EM » de Graz en Autriche en octobre 1992. Dès lors, il a participé régulièrement aux grands tournois européens. Fin 1992-93, il auto-édite son deuxième ouvrage sur le poker : “Poker Gagnant”, chose qui relancera son intérêt pour le jeu. Le livre se présente en deux tomes, un consacré au poker fermé et l’autre au poker ouvert. Il est salué par les joueurs et lui vaut d’être choisi comme consultant pour le Championnat de France 1992 et 1993, organisé à l’époque par une association parisienne, les Amis du 52.

Le 6 janvier 1993 F. Montmirel créé Joker Deluxe, une société de conception et de distribution d'articles de jeu et de magie, il côtoie ainsi pendant presque 10 ans les plus grands illusionnistes en leur fournissant livres, vidéos, tours et magazines, comme le célèbre et désormais culte "Imagik". Rapidement Joker Deluxe devient une marque leader en France, une référence dans le monde de la magie. En 1996 la société éditera aussi plusieurs livres de poker comme le fameux “Poker de tournoi”, une traduction de “Tournament Poker” de Tom McEvoy, livre qui avait fait grand bruit à sa sortie en 1995, ou encore en 1997, “Poker, apprenez l’excellence” de François Montmirel lui-même. De 1997 à 2000, il organise le “Week-end Magik” à Paris, grand salon consacré à la magie, unique à l’époque. En 2000, il ouvre une deuxième boutique sur Paris pour donner un second souffle à sa société, en vain… Malgré ses efforts, la société déposera finalement bilan en novembre 2002. En dépit de cette mésaventure il continuera à intervenir à différents niveaux dans la magie, notamment en étant consultant des éditions Slatkine pour rééditer d’anciens livres et des nouveaux. De meme auprès d’HBM Production, le grossiste leader dans le secteur, pour le conseiller dans le choix de leurs produits et dans leurs notices.

Mais Montmirel n’a pas pour autant oublié le poker, bien au contraire… Devenu regular de l’Aviation Club de France, le prestigieux cercle de jeux parisien, depuis l’ouverture de sa salle de poker en 1995, il côtoie chaque semaine les Bruel, Perrault, Cohen, Fitoussi, Boubli, bref les cadors de l’époque. En 1998 et en 2000 il gagne même deux titres internationaux pendant les quinzaines internationales de l’ACF. Sa société Joker Deluxe fournissait même les paquets de cartes Kem au cercle. François Montmirel accompagnera aussi l'aventure du plus ancien magazine de Poker en Europe, “Poker Europa” , de 1999 à 2005, comme traducteur de la section française. Le magazine, qui était un mensuel gratuit distribué aux casinos et aux clubs de poker, s’arrêta en 2011 des suites de la crise qui aurait sérieusement diminué ses revenus publicitaires. Chose que l’on sait moins, Francois a été le représentant francais de l’EPPA, European Poker Player Association créée en 1999 par l’Anglais Nic Szeremeta, destinée à défendre le poker auprès des gouvernements. Notons qu’il faisait déjà partie d’une association internationale depuis 1988, l’IH3PA (International Home & Private Poker Players Association), dont Mike Caro et Tom McEvoy étaient déjà membres.

En mai 2003, il découvre le poker sur internet et y joue régulièrement, sur deux sites aujourd’hui disparus qui étaient parmi les leaders à l’époque, Poker Room et Paradise Poker. C’est là qu’il rencontre Fougan, qui préfacera « Poker Super System » en 2008. Devant l’avènement du poker en ligne, les retransmissions TV des tournois internationaux comme le WPT sur Canal+, il prend conscience du déferlement du poker sur internet et commence à travailler sur un livre de fond sur le Texas hold’em. Dans le même temps, il refond et actualise le livre “Le Poker de Tournoi” de Tom McEvoy, qu’il republie transfiguré en 2005, avec le double de pages. C’est le triomphe : le premier tirage est épuisé en 3 mois. Les éditions First lui demandent de traduire “Le Poker pour les Nuls”, qui sort fin 2005. Il termine ensuite l'écriture de son livre référence pour le Texas Hold'em No Limit : “Poker Cadillac”. Il sortira en juin 2006, et c’est la ruée…

En janvier 2006 il crée Over-Pair.com, un blog ou François Montmirel délivre ses conseils, écrit sur les joueurs de poker, les parties, les championnats… Un peu plus tard, devant les ventes de ses livres qui enflent et les impôts qui lui tombent dessus, il crée une nouvelle société, Fantaisium, une maison d’édition spécialisée dans les livres de poker. Il se rend Las Vegas en 2007 pour signer l’exclusivité des deux plus gros catalogues du marché, TwoPlusTwo et Cardoza, afin d’enrichir ses collections des meilleurs auteurs. Elle éditera ainsi la collection "Poker Expert" qui deviendra la référence en France des livres fondamentaux avec plus de 20 ouvrages dont certains issus des traductions d’auteurs américains comme “Poker System” de Doyle Brunson ou les trilogies “Poker Harrington” et “Poker Cash” de Dan Harrington. Parmi les plus grands succès de la collection, 3 sont devenus incontournables, à savoir “Poker Harrington 1” vendu à 10 000 exemplaires, “Poker de Tournoi” vendu à 13 000 et le plus grand succès de François Montmirel, “Poker Cadillac” (25 000). Il éditera aussi des auteurs francais, dont le plus remarqué est Jean-Paul Renoux et son fameux « Poker Sit&Go » (8.000 exemplaires).

Pendant ces années, François est souvent demandé par les médias pour témoigner sur le poker, ce qu’il fait volontiers. C’est ainsi qu’il intervient auprès d’RTL, d’Europe1, de France Inter, de RTL9, de Direct8, de France 3, de magazines divers comme Capital ou TéléStars.

L’essor du poker en France est toujours plus important, de plus en plus de joueurs veulent jouer sur internet mais il n’existe pas de véritable contenu pédagogique de bon niveau sur le sujet. Un manque que ce sont donc attelés à combler François Montmirel et Bruno Louy, un autre joueur passionné. De leur collaboration naîtra ainsi l’Ecole Française de Poker en juin 2006, la première école du genre en France. L’école dispense désormais ses cours aussi bien sur internet qu’en live à travers un logiciel ludique et ses Master Class. Elle organise en permanence des séries de tournois sur plusieurs semaines pour exercer les élèves. Elle propose aussi des quiz, une web-TV, un Hall of Fame, un forum très riche… L’EFP est devenue une référence en France, ses membres affichent de bonne performances en tournois et l’EFP compte aujourd’hui plus de 30 000 membres. Elle a aussi créé un site de poker vidéo (LePoker.tv) et un agenda des tournois très complet (Poker-Agenda.fr). Cette même année la Columbia choisi F. Montmirel comme consultant pour traduire les scènes poker du James Bond « Casino Royale », les dialogues, le doublage mais aussi le sous-titrage.